RECHERCHE

▪ Biographie

Femme d’esprit et de lettres, lectrice merveilleuse, Edma Aimée LETELLIER de VALAZÉ, née le 18 octobre 1817 à Argentan (Orne), épousa en 1834 à l’âge de 17 ans son cousin Charles Marie Joseph ROGER-DESGENETTES, neveu du baron Desgenettes, médecin-chef de la Grande Armée. Le couple séjourna treize ans dans l’Orne puis, après un bref passage à Cormeilles-en-Parisis, s’installa à Saint-Maur lorsque Charles Roger Desgenettes fut nommé percepteur-receveur de Saint-Maur. De 1849 à 1870, ils s’établirent au 3 avenue de Condé, actuellement le centre équestre « Les Écuries de Condé ». C’est dans cette maison ainsi que dans leur appartement du boulevard Beaumarchais à Paris, que Mme Desgenettes reçut durant vingt ans les plus grands noms de la littérature du XIXe siècle : citons Musset, Émile de Girardin, Alfred de Vigny, Lecomte de Lisle, Sainte-Beuve, Alphonse Karr (autre Saint-Maurien, romancier et journaliste), Jules et Edmond de Goncourt, Victor Hugo, Alexandre Dumas, le sculpteur Auguste Préault et surtout Gustave Flaubert dont elle fut la grande amie et avec lequel elle entretint une correspondance durant vingt-cinq ans. Flaubert, longtemps amoureux et parfois jaloux, l’appelle tantôt la dame de Saint-Maur, tantôt la mère Roger, ou encore la Sylphide. « Je vous aimais comme personne ne vous aimera », lui écrit-il en 1859. « Il me donnait le goût de vivre, le désir de travailler », racontera-t-elle trente ans plus tard. Non seulement elle fut connue du milieu littéraire mais elle fut unanimement appréciée pour son intelligence et son esprit ouvert à toutes les manifestations de l’art. Retirée à Villenauxe (Aube) après 1870, son affection du larynx contractée vers 1866 lui ôta peu à peu l’usage de la parole mais ne l’empêcha pas de garder une plume acérée dans ses écrits et dans ses lettres à Flaubert. Lui survivant onze années, murée dans son silence mais non sans souvenirs, elle mourut le 14 janvier 1891.

Pierre-Yves GRANDEMANGE, d'après G. Saouter

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▪ Bibliographie