RECHERCHE

▪ Biographie

« Ne pas céder aux forces d’uniformisation, maintenir la diversité. »

André de CAYEUX de SÉNARPONT, ou André CAILLEUX (pseudonyme scientifique) est né le 24 décembre 1907 à Paris. Il obtient une licence ès sciences physiques en 1931, une licence ès lettres en 1933, et une licence ès sciences naturelles en 1936. Agrégé de sciences naturelles depuis 1936, il est professeur au lycée Marcelin Berthelot de 1938 à 1956 après avoir enseigné à Varsovie et Brest dès 1934, puis il est chargé de cours de sédimentologie à la Sorbonne. La poursuite de ses recherches sur le Quaternaire en examinant les alluvions de la vallée de la Marne (de Saint-Maur à Vaires-sur-Marne) et de la Seine (méandre de Vigneux-sur-Seine) lui permet de soutenir en 1942 à la Faculté des Sciences de l’Université de Paris sa thèse de doctorat sur Les actions éoliennes périglaciaires en Europe à partir d’observations de grains de sable et de galets. La croix de Lorraine qui orne la page de titre préfigure sa décision de rejoindre la France libre en 1943, pour revenir avec l’armée d’Afrique et participer à la libération de Rome puis de l’Alsace.

À Saint-Maur où il s’est installé en 1938, d’abord 25 avenue Gabriel Péri, puis 9 avenue de La Trémouille, où il réunira en près de cinquante ans la plus importante collection privée de tirés-à-part de géologie au monde, il initie un « laboratoire de géomorphologie » dans sa propriété, « au dernier étage, dans une mansarde chauffée tant bien que mal » (Tricart, 1987), lui permettant « d'y inviter et loger sans encombre des collègues des pays de l'Est, contacts facilités par sa connaissance du polonais, du russe, de l'allemand (outre l'anglais, l'espagnol et l'italien) » (Ellenberger, 1987). Il produira 600 travaux sur des thèmes aussi variés que Les planètes (1982), un Traité de Géomorphologie (avec Jean Tricart) en cinq volumes en 1962-1968, mais aussi huit titres de vulgarisation en géologie, glaciologie et biogéographie dans la collection « Que sais-je ? » des PUF (1952-1978).

Sa « bibliothèque était l’âme même de [sa] maison, elle reflétait la connaissance universelle d’André Cailleux, sa motivation, sa passion, son efficacité dans le travail ainsi que la rigueur et l’originalité de ses recherches. » décrit l’un de ses étudiants en maîtrise de géomorphologie (Costard, 2006). Les fonds Anne & André Cailleux sont riches de 205 000 documents collectés par Cailleux entre 1945 et 1985. Citons le fond océanographique légué à l’Institut Océanographique du Havre en 1983, un fond général de géographie physique légué à l’Université de Reims en 1985, et le fond de sédimentologie légué à l’Institut de Géographie de Strasbourg en 1987. Pas moins de 53 carnets de terrains de ses recherches en Antarctique, Groenland, Canada, Islande, Sahara, Brésil, Guyane sont conservés par l’Association pour la Création et la Diffusion Scientifique (ACDS) fondée par Cailleux en 1986.

« Monsieur Cailleux », chercheur affable et toujours enthousiaste, est décédé à Saint-Maur le 27 décembre 1986, laissant une descendance nombreuse (12 enfants). Un cratère de la lune porte son nom et une rue André de Cayeux se situe face à la gare du Parc de Saint-Maur.

Tristan LANTENOIS

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▪ Bibliographie et sitographie

  • J.-C. Dionne, « André Cailleux (1906-1986) », Géographie Physique et Quaternaire, vol. 41, n° 1, 1987, p. 6 ;
  • F. Ellenberger, « Hommage à André Cailleux (1907-1986) », Travaux du Comité français d’Histoire de la Géologie, 1987, 3e série, t. 1, p.101-113 ;
  • P. Gillon, « André Cailleux et le confluent Seine-Marne, ou les fondements de l'étude des alluvions »,  Le Vieux Saint-Maur, texte pour l’exposition « La géologie en Ile-de-France », mairie de Saint-Maur, 1996 ;
  • J. Tricart, « André de Cayeux de Senarpont, dit Cailleux », Bulletin de l'Association française pour l'étude du quaternaire, vol. 24, n° 2, 1987, p. 67-68 ;
  • F. Verger, « André Cailleux, 1907-1986 », Annales de Géographie, t. 96, n° 537, 1987, p. 601-604 ;
  • Association pour la Création et la Diffusion Scientifique, André Cailleux, Paris, en ligne sur : http://acds.viabloga.com/texts/andre-cailleux (consulté le 10/03/2018) ;
  • A. de Cayeux, Le refus de la défaite (1940-1945), Saint-Maur, 2014, 247 p. (ouvrage posthume)