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▪ Biographie

Poète épicurien né à Fontenay-en-Vexin. Très tôt le jeune Chaulieu, par son esprit et son caractère, acquiert l’amitié de grands protecteurs, dont le duc de Vendôme et son frère, grand prieur de Saint-Jean de Jérusalem, qui l’installe dans l’enclos du Temple à Paris – d’où son surnom d’Anacréon du Temple –, puis les princes de Condé. Ses bénéfices, joints à la fortune paternelle (son père était Maître de la Chambre des Comptes de Rouen) lui permettent de ne plus songer qu’au plaisir. Élève de Chapelle et de Bachaumont, il se distingue par sa verve facile et son esprit enjoué. Chaulieu est un rimeur aimable qui chante les plaisirs de la table et de l’amour. On trouve dans ses œuvres et poésies les négligences d’un esprit paresseux mais en même temps le bon goût d’un esprit délicat. Saint-Simon le décrivait comme un « débauché de fort bonne compagnie, qui faisoit joliment de petits vers, beaucoup de grand monde, et qui ne se piquoit pas de religion ». Par ses excès de table, il fut atteint de la goutte dès 1695 et devint aveugle un an avant sa mort. Mais ces maux physiques ne l’empêchèrent pas de ressentir l’ivresse de la poésie et de l’amour jusque dans son extrême vieillesse : il aimait, encore à 80 ans, Mlle de Launai avec la chaleur de la première jeunesse. Il soignait sa goutte à la cour des Bourbon-Condé au château de Saint-Maur où, avec son ami le marquis de La Fare, il bénéficiait d’une hospitalité généreuse et ne manquait aucune des fêtes, faisant allusion dans nombre de ses odes à la qualité du séjour saint-maurien, ainsi en 1703 :

Saint-Maur, séjour délicieux / Qui, loin des fureurs de la guerre,
Servirois de retraite aux dieux / S’ils habitoient encor la terre,
C’est à toi que je dois ces jours / Qui, dévidés d’or et de soie,
Entre l’indolence et la joie / N’auront plus qu’un paisible cours…

Il est décédé le 27 juin 1720 à Paris et son corps transporté en Normandie est inhumé dans sa terre natale. Ses œuvres, souvent associées à celles du marquis de La Fare, ont rencontré un grand succès au XVIIIe siècle avec au moins dix éditions.

Pierre-Yves GRANDEMANGE et Pierre GILLON

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▪ Bibliographie

  • Abbé Feller, Dictionnaire historique, Paris, 1818 ;
  • Ph. Le Bas, Dictionnaire encyclopédique de l’Histoire de France, t. 5, Paris, 1841 ;
  • É. Galtier « L’abbé Chaulieu à Saint-Maur », Le Vieux Saint-Maur, n° 13 (8), décembre 1934, p. 248-252 ;
  • C. Moindrot, « Deux poètes à Saint-Maur chez le duc de Bourbon », Le Vieux Saint-Maur, n° 78, 2015, p. 18-28 ;
  • Chaulieu (abbé de), La Fare (marquis de), Poésies, éd. C. Griffejoen-Cavatorta, classiques Garnier, 2014, 638 p.