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▪ Biographies

Anciens condisciples au lycée d’Orléans devenus beaux-frères, ils réalisent leur premier projet d’avion de chasse en 1917. En 1921, ils édifient à Saint-Maur, au n° 25 de la rue Krüger (c’est l’emplacement actuel du conservatoire de musique), une usine où ils fabriquent d’abord les avions ou des hélices pour d’autres marques (Bréguet, Potez), puis leurs propres avions comme les Gourdou-Lesseure GL 22 et GL 23. En 1925, lors d’un concours national, leur chasseur GL 32 est classé second, et l’État leur passe une importante commande. Outre l’aéronautique militaire française, ils livrent 18 exemplaires à la Finlande (dont un est conservé au musée de la Finlande centrale à Jyväskylä), et d’autres à la Tchécoslovaquie, l’Estonie, la Lettonie, la Yougoslavie, etc.

L’usine de Saint-Maur étant trop petite, le Ministère de l’Air impose aux Établissements Gourdou-Lesseure de s’associer avec les Ateliers et Chantiers de la Loire. De leur collaboration sortiront en quatre ans 535 avions, dont 60 seulement fabriqués à Saint-Maur. En 1929, peu satisfaits de cette association inégale, Charles Gourdou et Jean Lesseure reprennent leur autonomie. Leurs Établissements comprennent l’usine de Saint-Maur, deux hangars à Villacoublay et bientôt deux ateliers aux Mureaux pour les hydravions. C’est à Saint-Maur qu’ont été conçus et fabriqués les prototypes de chasseurs, les cellules d’hydravion, ou le viseur de piqué spécial imaginé par Gourdou, que les Allemands chercheront en vain.

Les associés se séparent en 1936. Gourdou reste seul à étudier et fabriquer divers avions. Il fonde également L’Hélice légère près de l’usine de Saint-Maur, où il fabrique des hélices, dont des hélices allemandes en bois. L’un de ses derniers avions, le G 120, est encore fabriqué à Saint-Maur en 1938. En 1942, l’usine fabrique des pièces de Messerschmitt pour le IIIe Reich, malgré l’hostilité du syndicat communiste, le plus important de Saint-Maur : en fait, cette fabrication encouragée par les services du renseignement sert de couverture à Gourdou qui parvient à transmettre à Londres des croquis de V1 observés à Stuttgart. Selon une anecdote rapportée par le colonel François, la cellule communiste fit arrêter Gourdou comme collaborateur à la Libération, mais De Gaulle, alerté, envoya les services militaires le délivrer et le féliciter.

En 1946-1947, l’usine de Saint-Maur est équipée d’une petite soufflerie où Gourdou fait les essais d’un planeur révolutionnaire, l’élytroplan, inventé par Charles de Rougé. Il fabrique encore le fuselage du Mak 123, un monoplan conçu par l’ingénieur Makhonine, puis il cède l’usine à la Société Volcan, qui fabrique du matériel de soudure de haut niveau. — En 1989, le lycée professionnel du boulevard de Champigny a pris le nom des avionneurs, inventeurs de plus de trente avions et hydravions.

Pierre GILLON

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▪ Bibliographie et sources

  • « Les avionneurs Charles Gourdou et Jean Lesseure », Icare, n° 230, septembre 2014, p. 14-159 ;
  • souvenirs du colonel François, s.d. ;
  • En plein but, bulletin du « comité populaire du personnel de chez Gourdou », janvier 1942.