▪ Biographie
Militant anarchiste très actif, fondateur des Milieux libres de la banlieue de Paris, dont le principal est le Milieu libre de La Pie ou « Société du Milieu libre de Saint-Maur », présidée par G. Trimel. C’est une expérience alors unique autour de Paris. Georges Butaud l’ouvre le 8 avril 1913 avec sa compagne polonaise Sofia Zaïkowska et vingt colons, qui sont bientôt soixante, limités par le manque de chambres. Il y transfère le siège de la revue La Vie anarchiste dont il est le gérant. 26 numéros de la revue, qui restera déficitaire, paraîtront à Saint-Maur jusqu’au 1er août 1914. Située 59 bis quai de La Pie, la colonie loue un terrain de 6 000 m2 entre les avenues Villette, Beaurepaire et Goussot, avec plusieurs bâtiments connus par des cartes postales, des jardins, un verger et un petit bois. Elle réunit quelques centaines de camarades sympathisants ‘communistes’ le dimanche autour de divers travaux de construction et d’aménagement, de grandes fêtes avec théâtre, poètes et chansonniers, et des causeries sur les grands sujets de société. On y parle souvent d’émancipation féminine ou du régime végétarien. Les colons permanents, qui concrétisent un idéal social à travers un mode de vie collectiviste et pacifiste, disposent d’ateliers d’électricité et de construction de canots ou s’adonnent à l’élevage (cochons, chèvres, poules), à l’agriculture et au jardinage. La colonie crée même une entreprise de bâtiment et travaux publics, La Communiste, sous la forme d’une association ouvrière. Dès juin 1913, la Sureté y mène une perquisition en raison de la propagande antimilitariste de ses membres, mais n’y trouve que des brochures légales. On signale l’hostilité du voisinage et de la municipalité, qui tente de les expulser. La colonie de La Pie, à laquelle certains reprochent de consommer plus qu’elle ne produit, disparaît avec la Grande Guerre.
Pierre GILLON
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▪ Bibliographie et sources
- Arch. nationales, F7 13061 ;
- La Revue anarchiste, n° 2 à 27, avril 1913 à août 1914 ;
- nombreux articles de journaux contemporains, dont Le Radical, 7 juillet 1913, Les Temps nouveaux, avril à juillet 1913 ;
- Les Réfractaires, avril-mai 1914 ;
- É. Armand, Milieux de vie en commun et « colonies », 1931, p. 26 ;
- J. Maitron, Le mouvement anarchiste en France des origines à 1914, Paris, 1975, p. 384-385 ;
- C. Beaudet, Les milieux libres : vivre en anarchiste à la Belle Époque, 2006, p. 34 et 142.