RECHERCHE

▪ Biographie

Quelle belle saga familiale que celle de la famille Marin. L’ancêtre est François-Frédéric (1798-1850), issu d’une famille de Chennevières. Il descend à La Varenne après la Révolution, sans doute avec le développement de la culture de la betterave. Il y rencontre la compagne de sa vie, Marie Millot, fille d’un ouvrier des champs de l’Yonne. Il est successivement charretier, concierge, garde particulier et enfin propriétaire, grâce au maire de Saint-Maur Louis-Joseph Barré dont il est l’employé : celui-ci meurt en fonctions en décembre 1844, lui léguant une petite maison rue du Pont de Portes. Peut-il imaginer un instant qu’il sera le grand-père de l’architecte Frédéric Marin, qui construira tous les groupes scolaires de Saint-Maur, mais aussi le grand-père d’Auguste Marin, maire de Saint-Maur durant plus de trente ans et cousin germain du précédent, et encore grand-oncle d’Alexandre Pâquet, également architecte, qui restaurera l’église Saint-Nicolas et les vestiges de l’abbaye ! Et il sera aussi arrière grand-père de Jean Carlu, affichiste célèbre pour ses affiches Art Déco puis cubistes, et de son frère l’architecte Jacques Carlu, grand prix de Rome, qui a construit le Palais de Chaillot, le Palais de l’Otan, le Palais des Nations à Genève, construit également au Japon et au Canada et enseigné aux États-Unis. Enfin il sera le trisaïeul de Lucien Graf, à son tour architecte communal à la suite de son père Joseph, et ce jusque dans les années 1960. Que d’architectes !

Frédéric a 17 ans lorsque meurt son père, ancien carrier devenu marchand de vin. Il vit avec sa mère Rosine, limonadière, au 3 puis au 23 rue du Four. Très sportif à 25 ans, il aurait sauvé plusieurs personnes en 1870 et gagné deux médailles de sauvetage. D’abord vérificateur en bâtiment puis architecte, il a participé au lotissement du Parc Saint-Maur, échoué au concours pour la nouvelle mairie en 1872, où il n’est arrivé que deuxième. Il a construit en 1881 la fontaine monumentale aujourd’hui disparue de la Croix-Souris, dont il racontait volontiers la légende, les groupes scolaires d’Adamville, du Parc et de La Varenne en 1880, le groupe Marinville en 1890, l’école maternelle Diderot en 1900, il a agrandi le théâtre de Saint-Maur en 1889, expertisé à plusieurs reprises l’église Saint-Nicolas, etc. Associé à Joseph Graf à partir de 1902, il a réalisé quelques pavillons de grande qualité (belle aquarelle Art nouveau au musée d’Orsay) et d’autres équipements hors de Saint-Maur : ainsi les groupes scolaires de Bonneuil et d’Athis-Mons, l’usine Rotin à Champigny en 1913, etc. Il est mort en 1922, au moment-même de la fondation de la Société d’histoire et d’archéologie à laquelle il aurait aimé participer. Au témoignage de Lucien Graf, son cortège funèbre s’étendait de la rue Gradé à l’avenue Godefroy Cavaignac, soit près de 500 m, ce qui donne un indice de son énorme popularité locale, grâce à laquelle son cousin Auguste avait été élu maire !

Pierre GILLON

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▪ Sources et bibliographie

  • Registres d’État civil de Saint-Maur ;
  • É. Galtier, Histoire de Saint-Maur-des-Fossés, Paris, 1913, p. 249-250 ;
  • La Varenne, 1927, p. 271 ;
  • Ch. Pâquet, « Souvenirs personnels d’un ancien du Parangon à la Belle Époque », Le Vieux Saint-Maur, n° 49, 1969, p. 98-103 et n° 51, 1971, p. 148-157 ;
  • Interview de Lucien Graf par Pierre Gillon, 1986 ;
  • archives du Vieux Saint-Maur, dossiers Saouter et Arch. nationales, MC/LI 1395 (1844).