RECHERCHE

▪ Biographie

Né à Nagyvarad près de Budapest, élève brillant et sarcastique, il s’oppose très tôt à un père fonctionnaire de l’empire austro-hongrois, médecin de grandes entreprises, autoritaire et brutal envers les ouvriers. Président à 16 ans du conseil du lycée de Szeged, il provoque la bastonnade d’un pion violent. À la chute de l’empire austro-hongrois, lorsqu’éclate l’insurrection prolétarienne hongroise, il devient, toujours à 16 ans, commissaire politique de son unité. En juillet 1919, la révolution est écrasée dans un bain de sang. Georges, dont la tête est mise à prix, doit la vie à un homonyme qu’on fusille à sa place ! Il termine ses études de philo à Budapest, apprend le français, puis débarque en août 1921 à Paris en passant par Vienne où il découvre Freud. Il vit de traductions pour une agence hongroise afin de poursuivre ses études à la faculté de Paris : DES en 1924 (Le rôle de l’imagination dans le schématisme kantien), agrégation en 1926. En 1925, il est nommé professeur de philosophie à Moulins, puis à Cherbourg, où il manifeste contre la guerre coloniale. En désaccord avec un de ses collègues, il le jette dans un bassin du port… Il est muté à Vendôme. En peu d’années, il écrit l’essentiel de son œuvre, dont la Critique des fondements de la psychologie (1928), qui sera plus tard au programme de l’agrégation. Il s’oppose violemment à la philosophie du « vieux Bergson ». Avec quelques collègues, dont Henri Lefebvre, qui le dit « le plus doué mais le plus bizarre, le plus outrancier », il crée en 1924 la revue Philosophies puis la revue L’Esprit, projette une revue La Guerre civile, puis crée encore la Revue marxiste et la Revue de psychologie concrète (1930), cette dernière qu’il rédige entièrement. Après son service militaire, il enseigne à Vendôme puis à Evreux, et tient un salon de philo très suivi dans le train d’Evreux à Paris. À la suite de ses amis, il entre au Parti communiste en 1933 et cesse dès lors ses recherches philosophiques. Il enseigne la philo à l’école du parti et tient la rubrique économique des Cahiers du Bolchevisme. En octobre 1938, il commence d’enseigner au lycée Marcelin-Berthelot à Saint-Maur : il y est collègue de Léopold-Sédar Senghor. Il y a laissé un souvenir ineffaçable, parlant avec aisance et sans notes. Parmi les premiers, il dénonce les thèses nazies et considère, comme tous les communistes, que l’URSS est le seul rempart contre le nazisme. Un moment déstabilisé par le pacte germano-soviétique, il reprend en mai-juin 1939, sous un pseudonyme, ses attaques contre le nazisme dans une nouvelle revue, La Pensée. Dès juin 1940, après la victoire allemande, il aurait appelé au combat. En septembre, il organise la résistance universitaire dans son appartement puis entre dans la clandestinité et crée avec Solomon et Decour L’Université Libre, premier périodique résistant régulier, qui dénonce dès novembre 1940 l’antisémitisme vichiste, puis La Pensée libre, périodique clandestin où il lutte contre l’idéologie nazie et développe une philosophie combattante, que tente alors d’étouffer Aragon qui domine l’idéologie du PC. Arrêté en février 1942 en même temps que d’autres résistants communistes, il est torturé à la Santé par les Brigades spéciales (françaises) au service des Allemands, malgré une tentative de Cocteau pour le faire libérer. Battu au nerf de bœuf, un bras cassé, il résiste et refuse de travailler pour les Allemands, en déclarant à sa femme son bonheur de mourir pour la France. Il est fusillé au Mont-Valérien le 23 mai 1942. À Saint-Maur-des-Fossés, l’ancienne rue du Pont de Portes qui longe le lycée Marcelin-Berthelot a pris son nom en 1945.

Pierre GILLON

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▪ Bibliographie

  • Michel POLITZER, Les trois morts de Georges Politzer, Paris, 2013, 368 p. ;
  • Collectif, Les orphelins de La Varenne (1941-1944), éd. Le Vieux Saint-Maur, 1995, p. 38-39.