▪ Biographie
Étonnante destinée que celle de cet académicien issu d’une longue lignée de maçons arrivés à Saint-Maur avant 1633 pour les travaux du château et de l’abbaye. On trouve d’abord Étienne Sedaine (1594-1666), puis ses fils Maurice et François, disparus l’un et l’autre avant 1680. Maurice aura une longue descendance de maçons, charpentiers et menuisiers à Saint-Maur, puis à Charenton et à Paris. À François succède Jean Sedaine (1656-1733), très tôt maître-maçon expert, grand voyer de la baronnie de Saint-Maur en 1697. Il travaille au château sous la direction de Jean Aubert, architecte du roi, contrôleur des bâtiments du duc de Bourbon et capitaine du château de Saint-Maur — ce dernier possède un hôtel à deux corps de logis à l’angle de la rue du Four et du boulevard Maurice Berteaux —. Son enrichissement lui permet d’acheter plusieurs maisons du bourg (le Soufflet Vert, l’Écu de France, la succession Charlier) et de doter ses sept filles (sur 16 enfants dont dix ont survécu) qu’il marie toutes à des employés ou des fournisseurs du château. Lui succède Jean-Pierre Sedaine (1692-1733 ?), qui s’installe à Paris début 1718, chez Michel Richer, architecte, dont il épouse la nièce ; les témoins du mariage indiquent le niveau social : la comtesse de Blanzac, Jean Aubert et son épouse dont le frère est à la surintendance des Bâtiments du Roi, et quelques autres gentilhommes. Il est d’abord maître-maçon, entrepreneur de bâtiments du roi puis architecte-juré expert en 1729. Un grave procès le ruine et il meurt en laissant sa famille sans ressources. L’aîné, Michel-Jean Sedaine, sauvé par Diderot, entre en apprentissage à 13 ans pour nourrir ses cadets. Il est tailleur de pierre puis, avec l’appui de l’oncle du peintre David, devient maître-maçon, entrepreneur de bâtiments ; il travaille pour les Invalides et les Bâtiments du Roi. En 1768, ses compétences et sa notoriété le font désigner par le roi secrétaire perpétuel de l’Académie royale d’Architecture, qui le prie d’abandonner son métier d’entrepreneur, interdit à ses membres. Parallèlement, il se fait connaître dès 1751 par ses talents poétiques puis théâtraux avec quarante-cinq opéras comiques, opéras, comédies ou tragédies à succès joués à l’Opéra Comique, à la Comédie Française et à l’Opéra, dont Le Philosophe sans le savoir ou Le Déserteur, qui lui ouvrent les portes de l’Académie française en 1786. Il restera l’auteur le plus populaire du XVIIIe siècle et l’un des plus joués au XIXe.
Pierre GILLON
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▪ Bibliographie et sources
- G. Saouter, « Sedaine, ouvrier maçon, Saint-Maurien et académicien », Villages, n° 165, 4 juin 1981 ;
- registres paroissiaux.